L’ère numérique des archives audiovisuelles : entre défis et perspectives

Le monde des archives audiovisuelles numériques (DANA) est en pleine effervescence. La croissance de ces archives est tout simplement exponentielle. 

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Le monde des archives audiovisuelles numériques (DANA) est en pleine effervescence. La croissance de ces archives est tout simplement exponentielle. 

Pourtant, un détail nous interpelle : il existe un écart notable entre cette croissance spectaculaire et les services en ligne proposés par les institutions patrimoniales. Ces services se limitent souvent à un simple accès à la visualisation, laissant peu de place à une éditorialisation plus avancée. Certaines institutions n’ont parfois même pas la possibilité de présenter leurs médias vidéos sur leur site internet. 

C’est ce que nous avons pu observer lors du projet de plateforme vidéo pour AD94, animé par Julia Moro. L’objectif était de trouver une solution efficace pour le stockage de contenus vidéo et un outil de diffusion au top. En lien avec la société 1 Egal 2, nous avons mis à disposition du grand public plusieurs milliers de contenus médias.  

Fort ce de cette expérience, nous avons eu envie de creuser davantage. Nous avons décidé de travailler aux côtés de Timothée Fernandes Lopes, formé à la gestion de contenus audiovisuels par son passage à l’INA-Sup. Armés de notre curiosité, nous avons décidé de partir à la rencontre des archivistes en première ligne, ceux qui affrontent au quotidien la gestion de ces contenus vidéos. 

Juste avant l’été et les glaces en bord de mer, nous avons pris contact avec une centaine d’archivistes à travers la France. Notre but ?  Comprendre les environnements d’usage, leur quotidien et les défis qu’ils relèvent. Les résultats de cette enquête nous sont apparus suffisamment intéressants pour vous proposer cet article, qui n’a pas la vocation d’une étude académique, mais apporte un point d’éclairage sur la situation actuelle.

Alors, pourquoi cet écart si important ? Eh bien, l’explication réside dans la nature singulière des données vidéo. Il s’agit de fichiers vidéo lourds, exigeant des infrastructures de stockage et de consultation spécifiques. Et ce n’est pas tout, ces fichiers renferment parfois des métadonnées complexes à interpréter dans une simple fiche de description, incluant des informations sur l’image, le son, le montage, et bien plus encore.

Toutes ces caractéristiques font des données vidéo des objets complexes à gérer dans un environnement d’archives. Au-delà de la conservation et de la classification, elles demandent des conditions particulières de diffusion, telles qu’un environnement d’hébergement adéquat et des solutions de streaming performantes (de vraies divas). Néanmoins, elles offrent également d’immenses possibilités de communication, de la création de sites web dédiés à des diffusions interactives.

Dans ce joyeux bazar, toutes les institutions patrimoniales, qu’elles aient des tonnes de ressources ou juste une poignée, vont devoir s’atteler à la gestion de ces contenus vidéos. Mais attention, ce n’est pas de tout repos, car cela requiert non seulement des solutions techniques, mais aussi la mobilisation d’archivistes qui ne sont pas toujours spécialisés dans le traitement de données audiovisuelles.

Pour démêler tout ça, et afin de mieux comprendre les pratiques et usages professionnels sur le terrain, nous avons interrogé une centaine d’acteurs. 

Spoiler Aalert : Streamfizz pourrait bien être la solution d’hébergement et de gestion pour vos contenus vidéos. 

Déroulement du questionnaire 

Dans le cadre de cette étude, nous avons envoyé un questionnaire à 95 archives départementales françaises. Les résultats sont les suivants :

  • 15 ont répondu positivement aux questions.
  • 4 ont refusé de participer à l’enquête.
  • Les autres n’ont pas répondu.

Le questionnaire se composait de quinze questions, réparties en trois axes : Environnement, Outils et Besoins, Perspectives mMétiers.

L’environnement des structures interrogées

Au cours de cette étude, comprendre l’environnement des structures interrogées était essentiel. Voici ce que nous avons retenu : 

100% des structures interrogées possèdent des documents audiovisuels. En revanche, seulement 26% des structures réalisent leurs missions à l’aide d’un service audiovisuel qui leur est propre. Cela veut dire que du personnel est spécifiquement dédié au traitement des fonds audiovisuels présents au sein des collections. 

En ce qui concerne les documents, ils sont principalement rangés sous les catégories AV ou FI, qui correspondent à des documents visuels d’origine privée qui ont été ajoutés de manière exceptionnelle. De plus, le personnel n’est pas systématiquement qualifié ou issu d’une formation spécialisée dans le domaine de l’audiovisuel. 

Dans le but de combler l’absence de service audiovisuel dédié, ou le manque de personnel qualifié, certaines structures font appel à d’autres structures spécialisées telles que des cinémathèques régionales, ou autres acteurs similaires. En effet, 40% des structures possèdent un partenaire qui les accompagne dans le traitement de leurs documents. 

Quelques exemples de structures partenaires :

Diffusion d’archives audiovisuelles, numérisation, documentation, ou encore stockage de fichiers, ces collaborations peuvent prendre différentes formes. 

Bien que plus de 90% des organisations interrogées aient des documents audiovisuels, la plupart d’entre elles en ont relativement peu. En fait, seules les archives départementales qui disposent d’un service dédié à l’audiovisuel, ou qui collaborent avec des experts dans ce domaine, traitent un grand volume de ce type de documents. De plus, certaines de ces organisations ne sont pas bien informées sur la quantité exacte de ces fonds, car ils ne sont pas leur priorité.

De plus, le traitement des collections audiovisuelles, en particulier en ce qui concerne la numérisation, est encore en cours et dans certains cas, n’a même pas encore débuté. Plus de la moitié des fonds détenus par les organisations interrogées n’ont pas encore été numérisés. Cependant, il est important de noter que 80% d’entre elles s’efforcent de valoriser leurs collections en les rendant accessibles au public. L’accès aux collections audiovisuelles est proposé sur place par plus de la moitié de ces organisations, et elles offrent également la possibilité d’une consultation en ligne. En revanche, 40% des structures interrogées ne permettent pas encore la consultation de leurs éléments, car leurs fonds n’ont pas encore été traités.

Quels outils et besoins pour les archives départementales françaises ?

En ce qui concerne les outils techniques utilisés par les différentes organisations interrogées, il existe une véritable diversité. En effet, les outils employés pour la manipulation des fichiers vidéo numériques varient en fonction de l’environnement de chaque organisation. Parmi les outils mentionnés, on retrouve à la fois des logiciels gratuits et accessibles, ainsi que des solutions professionnelles coûteuses. Parmi les logiciels cités, on retrouve VLC, Windows Media Player, Adobe Premiere Pro et Media Encoder, ainsi que MediaInfo.

Pour approfondir le sujet, consultez notre guide d’exportation sur certains logiciels de montage vidéo

En ce qui concerne les formats de fichiers vidéo manipulés, il est intéressant de noter que pour 100% des organisations interrogées, des formats couramment utilisés pour l’archivage et la diffusion sont préférés. Il s’agit notamment des formats compressés tels que MP4/H264 et MP3, ainsi que des formats maîtres tels que MOV, MXF et WAV.

Pour ce qui est de la diffusion en ligne, deux plateformes ont été mentionnées : Vimeo et Genially.

Afin de mener à bien leurs missions, les structures d’archives ont des besoins très divers, parfois précis, qui s’inscrivent dans une logique de diffusion auprès du public. Dans le cadre de cette enquête, plusieurs besoins ont été identifiés auprès des différents acteurs interrogés.

Ces besoins sont principalement humains et techniques. Parmi les plus cités, on retrouve notamment : Le temps humain, l’espace de stockage numérique, le matériel de lecture analogique (qui permet notamment la numérisation des fonds), le personnel dédié et formé ainsi que des connaissances techniques générales. Sont également citées : Les plateformes de diffusion web, Logiciels de traitement vidéo et son, postes de consultations, assistance technique sur la pérennisation des données numériques, assistance technique sur la mise en place d’outils de diffusion en ligne.

Les réponses de cette enquête mettent en évidence l’importance du temps humain consacré aux manipulations. En effet, pour les organisations qui ne disposent pas d’un service spécifique pour les contenus audiovisuels, le temps alloué à ces fichiers numériques est souvent très limité, voire inexistant. Soit ce temps est délégué à d’autres entités, soit aucune manipulation n’est effectuée.

En revanche, pour les organisations ayant un service dédié ou travaillant avec des partenaires spécialisés, la gestion de ce temps est intégrée dans leurs missions, et la quantité de temps dédiée varie en fonction des responsabilités de chaque personne. Néanmoins, il ressort des réponses obtenues que l’efficacité et la rapidité du traitement pourraient être améliorées grâce à des méthodes de manipulations techniques optimisées.

La question qui se pose alors est la suivante : comment pouvons-nous optimiser ces manipulations au quotidien ? Quels outils, quelles fonctionnalités, services ou processus pourraient simplifier ces tâches ?

Une fois de plus, on constate que la nécessité de compétences techniques spécialisées dans le domaine de l’audiovisuel ressort des réponses, avec la création de postes dédiés à ces missions. En outre, les solutions de stockage de données sont identifiées comme une priorité majeure qui faciliterait la gestion des contenus préservés. Plus précisément, parmi les différentes réponses, certaines fonctionnalités se démarquent :

  • L’intégration d’un outil de visionnage rapide avec l’affiche du timecode et l’identification des sujets/personnes intègres
  • Des outils de gestion et de suivi de numérisation 
  • Un outil de description des fonds répondant à une logique d’archives
  • Assistance à la mise en place de process dédiés et spécifiques aux ressources audiovisuelles dans le cadre de l’élaboration d’un SAE
  • Assistance à la mise en place d’un outil prenant en charge la diffusion des copies numériques sur interface web
  • La création de sites web de diffusion

Quelles perspectives métiers pour les archives ?

La question de la massification des données numériques, et en particulier des fichiers vidéos, est fondamentale. Les nouveaux archivistes sont confrontés à un défi bien plus complexe que la gestion des documents, car ils doivent composer avec une masse de données en constante expansion, à la fois en termes de volume et de diversité de formats. Cette difficulté à gérer une telle quantité de données est partagée par toutes les structures ayant participé à l’enquête.

Pour certaines d’entre elles, cette croissance est même perçue comme ingérable en raison du manque de personnel qualifié.

De plus, cette massification de données exige une rigueur accrue, dont les acteurs interrogés sont pleinement conscients, pour traiter efficacement les diverses collections audiovisuelles conservées. 

Concrètement, les métiers liés aux archives sont en train d’évoluer de manière progressive. Parmi les réponses, on constate une certaine appréhension quant à l’impact de cette croissance des données sur ces métiers. Assurer la pérennité des informations et pouvoir les diffuser représente un défi tant sur le plan humain que technique, et de nombreuses organisations peinent à envisager ces évolutions en raison de contraintes budgétaires et du manque de compétences nécessaires.

Ces coûts élevés mettent en évidence, dans les différentes réponses, la nécessité de mettre en place des processus de tri et de sélection stricts pour déterminer quels éléments doivent être conservés.

En conclusion ?

L’évolution rapide des archives audiovisuelles numériques est un défi majeur pour les institutions patrimoniales. Cependant, des solutions techniques et humaines adaptées peuvent répondre à ces défis. À travers notre plateforme Streamfizz, nous cherchons à apporter des solutions aux problèmes soulevés, notamment en ce qui concerne le stockage et la mise à disposition de ces contenus conformément aux différents critères européens. 

Nous souhaitons faciliter la gestion des archives audiovisuelles, en tenant compte des besoins spécifiques des professionnels du secteur. Cette réflexion intègre également des solutions de services permettant la création automatisée de descripteurs pour les contenus audiovisuels (images, sons, narration) en utilisant ce que l’on appelle couramment l’intelligence artificielle (IA).

Par souci de transparence et pour contribuer modestement à la réflexion sur ce sujet, les annexes concernant les éléments du questionnaire, ayant servi à la rédaction de cet article, serons très prochainement ajoutées à cet article.

Dans un monde où les archives audiovisuelles numériques prennent de plus en plus d’importance, il est essentiel de travailler ensemble pour trouver des solutions adaptées à ces nouveaux défis, et c’est exactement ce que nous nous efforçons de faire au travers de notre plateforme.

Nous espérons que cette étude contribuera à une meilleure compréhension des enjeux liés aux archives audiovisuelles numériques et à la mise en place de solutions innovantes pour les gérer efficacement.

Vous pouvez également retrouver le témoignage vidéo de Julia Moro, chargée de projet web aux archives départementales du Val de Marne.